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                Une tour Eiffel pour une                        Maquette pour l'armée.                                Une fusée Tintin pour
                   exposition au Japon.                                                                                               un capitaine d'industrie.


Etienne Desthuilliers reconnaît avoir perdu pas mal de marchés car bon nombre de ses collègues ont préféré choisir la voie d'un travail plutôt moyen, pour un produit banal et pas trop cher. Le temps ne leur a pas donné raison. Il les a vu, un à un, déposer le bilan. Il a ainsi vu disparaitre ceux qui proclamaient haut et fort qu'ils régimenteraient seuls la profession et son marché. Il reconnaît aussi avoir toujours été intransigeant sur la qualité des ouvrages sortis de son atelier. Son argumentation commerciale a toujours reposé sur l'écoute des critiques, assortie de l'aveu d'un caractére entier, de la reconnaissance du niveau de prix, garantie d'un travail bien fait, très bien fait, un produit de luxe.

 
Établissements Desthuilliers. Une tradition artisanale ancrée dans toute une généalogie. Bien sûr, Etienne Desthuilliers, héritier principal de cette tradition, l'a développée dans son métier, et aussi dans les diverses activités annexes qui ont été les siennes.

Une première question peut être de savoir dans quelle mesure une éducation artisane du genre que celle que notre père nous a apportée a eu le cas échéant un impact sur la manière avec laquelle ses six autres enfants ont pratiqué leurs propres métiers.

Je ne peux répondre ici que pour moi. D'autant que notre père étant mort relativement jeune, les trois derniers de la fratrie n'ont pas été immergés aussi longtemps que les quatre premiers dans cette ambiance "tout menuiserie" que mon frère Etienne et moi avons partagée.

 
Lorsque vers mes dix-huit ans j'ai demandé à mon père quelles étaient les qualité requises pour diriger une entreprise, il me répondit brièvement : des qualités que tu n'as pas. Pour reprendre une de ses expressions favorites, j'ai mis ça dans ma poche avec mon mouchoir par dessus. Ces paroles n'étaient en rien assimilables à une malédiction. Je finis par les interpréter comme la nécessité d'être lucide sur ses capacités réelles, pas celles que l'on peut s'imaginer avoir.

A vingt-huit ans, fort de mes cinq années d'expérience professionnelle comme ingénieur, je dirigeais un laboratoire d'essais et mesures dans une entreprise internationale de construction d'équipements de freinage. C'est aussi l'époque oû une fois par mois j'allais déjeuner avec mon père, dans un restaurant proche de Meaux, oû il venait présider les sessions du tribunal de commerce. Il ne se préoccupait pas des produits élaborés dans mon service, mais se montrait curieux de savoir comment je m'y prenais pour diriger des techniciens et des ouvriers professionnels bien plus âgés et expérimentés que moi. Et lorsque je lui eus dit qu'il m'arrivait non pas de donner un ordre, ou d'envisager une réprimande, mais de montrer ce que voulais obtenir en complétant à la planche les études de mon projeteur ou en utilisant mes propres outils pour faire une démonstration pratique, il n'en était point choqué. En effet, il pouvait identifier, d'après ma description, une démarche de maître artisan.

 
Cette démarche a été, avec le recul, une constante dans mes manières de faire et d'être, dans des entreprises différentes et dans des domaines d'activités différents. J'ai toujours eu besoin de voir faire les opérateurs, de toucher la réalité des produits, d'imaginer des modèles, des schémas, des maquettes, même dans les domaines perûs comme abstraits, qu'il s'agisse d'ingénierie pédagogique, de management, de qualité totale.

Mon activité d'écriture elle-même est construite à partir de processus d'esprit artisanal.

 

Le patronyme comme marque de fabrique

 
Globalement, la situation analysée est celle de l'assimilation d'un patronyme à une entreprise. Les Desthuilliers non-menuisiers pourraient vivre la situation comme un détournement de bien commun. Le nom appartient à tous, et n'a pas de raisons, du fait de la mine de raisons sociales que constitue l'annuaire, de se trouver représenter symboliquement une partie restreinte de la famille.

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