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De plus, dans ma voiture, se trouve une autre caisse avec du matériel que je ne sors que si le besoin s’en fait sentir. J'y trouve une lampe baladeuse avec deux ampoules d’avance, un gros marteau, un tas dit demoiselle ou main de fer, un jeu de griffes et deux grosses clefs à molette pouvant me servir, elles aussi, de griffes. Ce matériel me permet de rectifier les menues imperfections de la bandelette sans la démonter. Ne pas omettre de desserrer les vis qui solidarisent la bandelette aux barreaux pour éviter la casse.
C- Troisième étape : le relevé in situ
Il y a beaucoup de précautions à prendre au relevé. Dans les départs d’escalier, mettre la volute bien de niveau. Si la pente de la main courante est raide, aussitôt la volute posée, si des petits éléments avec une rainure plus profonde n'ont pas été faits à l'atelier, faire la rainure dans la volute et dans les petits éléments à sa mesure finie, car si l’on fait que 5 mm et que par la suite, à la réalisation, elle a 10 mm, tout l’ensemble se décalera de 7 à 8 mm en descendant. Ce qui décentre la volute du poteau. Même problème dans les virages courts, mais là, cela est moins grave, car je prévois toujours une sur-longueur de 10 mm minimum et je relève un peu plus long dans la partie haute. Pour les mains courantes longues avec de faibles courbes : Dans le positionnement des éléments raccords des parties débillardées et des parties droites ou cintrées dans un seul sens, mes raccords se font 4 à 5 cm avant la naissance de la partie débillardée, cela pour arrondir la courbe intérieure. Il faut tricher car si le développement extérieur présente une courbe régulière, la courbe intérieure présente elle, une cassure. Cela est peu sensible dans les profils olives, un peu plus sur l’arête basse d’un profil parisien, mais beaucoup sur des profils plus importants moulurés avec des arêtes, ou sur des profils très larges. Ce problème est bien connu des personnes qui font avec goût des escaliers en bois avec des limons débillardés (voir à la page 40 l'exemple de la main courante de la chaire de Bruges). Dans les aplombs et niveaux des raccords, dans la qualité du débillardement de la bandelette au départ des courbes, tout cela s’appelle, paraît-il, l’expérience. Ce sujet sera peut-être traité ultérieurement, sous le titre "l’expérience est-elle un frein ou bien une aide au développement et aux avancées techniques dans les métiers artisanaux du bois?" L’idéal, pour moi, est de relever l’après-midi et de récupérer mes empreintes, soit le soir tard après avoir vu un autre chantier, ou après le théâtre ou le restaurant ; ou bien, sur certains chantiers, fermant de bonne heure, je les reprends le lendemain. La qualité du relevé est pour moi, aujourd’hui, essentielle, car elle est le départ d’un travail qui ne peut en aucun cas se satisfaire de la médiocrité sur le plan de la géométrie et de la qualité des mesures. Les approximations faites au relevé ajoutées à celles de la fabrication et au manque de rigueur à la pose font que l’on propose au client un travail moyen. Je décharge mon matériel au rez-de-chaussée. Je trouve le moyen de bloquer la minuterie ou d’avoir un éclairage correct, de supprimer les courants d’airs, sans quoi c’est la meilleure façon d’être malade le lendemain (de plus, étant prévoyant, je porte toujours un foulard). Je mets mon tablier et mon chapeau[1]. Les grandes poches du tablier me permettent d’avoir sur le ventre les outils ou objets nécessaires sans avoir à chercher ou à me baisser. Mon pantalon a bien des poches, mais seule celle sur le côté de la jambe me sert à mettre les crayons (je ne parle pas du couteau qui est toujours dans ma poche gauche). Je
commence par vérifier ou remettre les collants avec indications des traits de
raccord. Il m’est arrivé qu’ils aient été déplacés par les enfants de la maison
ou qu’ils aient été recouverts de peinture par le peintre. [1] Cela me permet
de faire croire aux gens qui me croisent que je ressemble à un professionnel et
non à un touriste. Le chapeau met, lui, une petite note de l’habillement d’un
autre âge, le temps des vieux artisans, ceux qui savaient ! Il paraît même
que cela fait plus sérieux. Dans mon chapeau, il y a toujours des cartes de
visite que je distribue si le besoin s’en fait ressentir : ainsi, les gens
peuvent aller consulter mon site internet pour se renseigner sur les mystères
de mon métier et mes réalisations. |
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